Dans la Nouvelle République du Centre Ouest du Lundi 3 février Jean-Pierre Abelin répond à un communiqué que j’ai rédigé concernant la manière dont il se vante de son action vis-à-vis des commerçants dans une rue Bourbon qu’il a laissée 12 ans durant en déshérence. Au lieu de répondre sur les faits – l’indigence de sa politique commerciale – le Maire ressert pour la 100ème fois au moins son « bilan » qui reste l’apanage d’un élu sortant, sans répondre à aucune de mes questions.

Mais reprenons mot à mot l’énoncé de ce “bilan Jean-Pierre Abelin”.

« Transformer l’ancien hôpital en école, cinéma et restaurant » :

Si le site de l’ancien hôpital était disponible, c’est parce qu’un nouvel hôpital avait été construit et avait ouvert en 2001. La construction d’une école dont il a fallu évacuer les enfants aux premiers signes de canicule dès mi-juin parce qu’elle ne répondait à aucune norme climatique ? C’est son bilan.

Construire un cinéma c’est l’investissement d’une femme exceptionnelle, sa directrice, Mme Désandré, soutenue par la Région, malgré M. Abelin qui demandait plutôt des subventions pour l’Ancien Théâtre. Ce n’est pas son bilan.

Un restaurant ? C’est également une initiative privée parce que le cinéma s’était installé. Ce n’est pas son bilan.

« Installer une pépinière dans un ancien champs »

La municipalité précédent M. Abelin avait amené les réseaux d’assainissement jusqu’à la limite de ce champs et le Relais du Miel en avait financé la moitié. M. Abelin n’a rien fait d’extraordinaire.

« Réhabiliter et ouvrir un petit théâtre fermé depuis 35 ans ».

Il y a 35 ans c’est la municipalité de Genièvre Abelin qui avait fermé ce théâtre préférant inaugurer à grand frais le Nouveau Théâtre quelques jours avant les élections municipale de 1983. Laissant un bâtiment sans projet et sans financement de fonctionnement. J’ai été recruté en Octobre 1983 par Édith Cresson pour créer le service Culturel. Nous avons sous l’autorité de Rolland Gaillon (adjoint à la culture) sauvé ce théâtre voué à la démolition par la précédente municipalité.

Nous l’avons fait inscrire à l’inventaire des monuments historiques, nous avons réhabilité et mis en valeur sa façade et ses sculptures extérieures et nous l’avons mis hors d’eau assurant le clos et le couvert pour le transmettre aux générations futures en bon état. Les priorités de l’époque étaient plus à la préservation des tissus industriels et à la sauvegarde de l’emploi.

Et si Monsieur Abelin a pu reconstituer ce théâtre « pour relancer le centre-ville » c’est avec une participation importante de la Région dans le cadre d’un accord avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles. J’en parle en connaissance de cause car j’en ai été l’instigateur.

« Sortir l’école de danse fermée pour cause de sécurité et l’installer dans le superbe Bâtiment de la Manu »

En 1983 la municipalité de gauche a trouvé « une école de musique et de danse » dans des locaux vétustes. Elle a obtenu, grâce à un gros effort de recrutement de professeurs de qualité, le label de « Conservatoire d’Intérêt Régional de musique et de danse ». Elle a dû reloger toutes les associations qui cohabitaient dans ce bâtiment (y compris un club du 3ème âge) et restructurer l’école d’arts plastiques voisine qui abritait également des associations.

Si M. Abelin a pu transférer cette école vers le « superbe bâtiment de la Manu » c’est parce qu’Édith Cresson a obtenu les premiers fonds européens (1995) disponibles pour engager la rénovation de la Manu et que ce fut le premier bâtiment réhabilité (avant les cheminées, l’œuvre de Vilmouth, le canal, l’acquisition des collections du musée de l’auto, l’école de cirque, les démolitions de bâtiments…).

Je note à ce sujet qu’alors que 70% du travail de restauration de la Manu a été réalisé par les municipalités précédentes, M. Abelin n’a même pas eu la décence d’y inviter ses prédécesseurs lors des manifestations du bicentenaire de création de la Manu !

« Transformer l’ancienne place Émile Zola sinistrée et engorgée par des voitures en entrée piétonne »

Il est exact qu’en raison des longues procédures juridiques liées à l’incendie du bâtiment de la place Émile Zola, sa restructuration prévue dans la suite du Boulevard Blossac (que n’a-t-on pas entendu sur le choix des pins qui aujourd’hui offrent une ombre bienvenue l’été !) a été retardée. C’est dommage car nul doute qu’on aurait pu éviter l’aménagement minéral et les marches (une spécialité châtelleraudaise depuis 12 ans !) pour en faire un lieu de vie convivial et chaleureux en transition avec une rue Bourbon aujourd’hui livrée à l’abandon.

« Aménager les bords de Vienne, sur lesquels personne n’allait, en lieu de promenade »

Parce qu’avant 2014, personne n’avait de lieux de promenade ? Les châtelleraudais ne se promenaient pas ? C’est oublier que tout le lac de la Forêt a été aménagé il y 35 ans et que depuis, à part une aire de jeu pour enfants, une plage artificielle au bord d’un lac où on ne peut pas se baigner et les 10 panneaux indiquant des toilettes publiques fermées 10 mois de l’année, aucun aménagement n’a été fait. Beaucoup préfèrent le parc de Cenon, la pointe de Forclan, ou le parc d’Ingrandes, tous en bord de Vienne, avec des bancs, des corbeilles et des arbres. Nous verrons cet été sous la canicule combien de personnes se promèneront sur des quais de béton, même en soirée quand la pierre rejettera la chaleur emmagasinée dans la journée ? Mais c’est vrai que depuis peu, vous nous avez appris que « la pierre c’est de l’humain » !

« Et la plaine d’Ozon avec 500 logements dégradés en un lieu vert et aéré »

Le programme de la réhabilitation de la Plaine d’Ozon a été négocié et engagé par la municipalité précédent M. Abelin et conduit par Michel Guérin. Pour le « vert et aéré », les 300 habitants qui ont quitté Châtellerault depuis le dernier recensement ont certainement un autre avis. D’ailleurs le diagnostic du Contrat Local de Santé voté par le conseil municipal du 8 novembre 2018 ne parle pas de logements dégradés ni même insalubres, mais de « logements potentiellement indignes avec plusieurs centaines de logements concernés » (Page 12).

« Je ne sais pas s’il faut du talent de magicien mais il faut beaucoup de volonté politique »

J’ai effectivement fait l’erreur de confondre magicien avec « illusionniste » ou « manipulateur », mais je suis entièrement d’accord avec cette conclusion : il n’est nul besoin de talent pour conduire la ville dans le mur et il faut beaucoup d’expérience politique pour travestir à ce point le réel.

– Didier Simonet

Lien vers le communiqué sur le site internet de Centre Presse.